Le clin d’œil de Gilbert GOMA

Pointe-noire, ville pétrolière : l’état catastrophique des routes

 

 

 

Gilbert GOMA.

 

“Occulter l’évidence de la mauvaise gouvernance pour se justifier, est un défi au bon sens, un refus de se remettre en question”.

Le rôle des routes dans le développement d’un pays ne peut prêter à équivoque, tant il relève de l’évidence. À fortiori ce rôle à Pointe-noire, la capitale économique du Congo-Brazzaville et ville pétrolière, plus qu’une nécessité, est un impératif. Mais tel n’est le cas dans cette ville où la circulation des personnes et des biens est gangrénée par une multitude d’obstacles, faute d’un réseau routier conséquent, mais également par la détérioration innommable des routes. Comment expliquer cette situation qui persiste depuis de longues années, dont les conséquences économiques, sociales et psychologiques sont innombrables ?

Les embouteillages sauvages qui s’amplifient au fil des années, ne laissent transparaître aucune esquisse de solution à ce jour, et certains taxis évitent d’aller à certains endroits à des horaires donnés au risque d’y rester coincés et obérer leurs recettes. La situation est davantage invivable et exaspérante quand il pleut, avec les difficultés de toutes sortes, notamment la rareté des bus et taxis. Qui plus est, on accède dans ceux qui sont disponibles avec précipitation et bousculades, et on peut imaginer dans ces conditions le sort réservé aux personnes fragiles (handicapés physiques, personnes âgées, femmes enceintes ou enfants).

De même, l’installation des rivières en pleine route dissuade certains chauffeurs de sortir pour ne pas abîmer leurs véhicules. Sans oublier l’utilisation des “demi-terrains”, autrement dit le fractionnement en plusieurs étapes, par les chauffeurs de bus, des trajets habituels, obligeant ainsi les passagers à payer les prix équivalents à chaque étape, en fonction de leur destination. Ce qui alourdit les coûts de transport du simple au double ou davantage. Ces exemples qu’on peut citer à foison, constituent le parcours du combattant de beaucoup de travailleurs chaque jour pour se rendre à leurs lieux de travail, mais aussi les élèves pour aller à l’école.

“Mundele a kende, dipanda to zua ya nani ? (Le Blanc ou le colon est parti, nous avons eu l’indépendance pour le bien de qui ?), s’interrogeait déjà Franklin Boukaka” dans une de ses chansons. D’où vient que cette indépendance acquise il y a plus de 60 ans, que l’on célèbre avec faste, chaque année, se conjugue avec la souffrance de la population. Souffrance, érigée en norme, qui étrangle en permanence les familles et pousse beaucoup de jeunes, diplômés ou non, à n’envisager un avenir meilleur qu’à l’étranger, en quittant leur pays alors qu’ils en sont la pépinière.

Comment construire un pays avec une population frustrée, désespérée, livrée à elle-même et dépouillée de toute espérance ? Quel est le rôle des gouvernants alors que leur mission est de répondre aux attentes de leurs compatriotes, de s’atteler à leur bien-être ? Qu’ils utilisent leur réthorique habituelle pour se dédouaner, en évoquant les causes exogènes, notamment les crises internationales, ne surprend personne, mais occulter l’évidence de leur mauvaise gouvernance est un défi au bon sens, un refus de se regarder dans le miroir de la réalité, de se remettre en question, et davantage une illusion de croire que leurs compatriotes ne savent pas distinguer le Bien et le Mal ou différencier le bon grain de l’ivraie.

Les conditions catastrophiques des routes à Pointe-noire, invite à l’organisation des états généraux des transports, de manière générale, dans notre pays, car le spectacle hideux que nous offre la ville pétrolière est l’arbre qui cache la forêt.

 

Gilbert GOMA.

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