
Congo-Brazzaville : La fin d’une dictature, mais le Congo peut-il se reconstruire ?
2025 année de tous les dangers
Jean-Claude BERI
Les Congolais attendent impatiemment la fin de la dictature imposée par la famille SASSOU NGUESSO. Mais la prudence reste de mise quand il s’agit d’évoquer l’avenir du pays. Au regard de l’affaiblissement de toutes les institutions régaliennes, le Congo navigue dans des eaux troubles et incertains.
La fulgurante déroute financière qui bats son plein sur le quotidien des Congolais tend a mettre un point final à la dictature de la famille NGUESSO en Congo, trop longtemps adossée à la politique de la terreur, à la violence et surtout à la captation des richesses pour un seul clan. Forcément, un régime qui est venue au pouvoir en marchant sue plus de 40.000 cadavres de ces citoyens, ne pouvait pas durer éternellement. Même si force est de constater que ça fait plus de 40 ans qu’il dure.
Qui d’entre nous n’a pas songé depuis quelques années, avec espoir, à la disparition de SASSOU NGUESSO ? Avouons le dans un coin de notre tête, nous avons tous élaboré notre petit scénario. Le maître de MPILA a de nombreux prédécesseurs (EYADEMA, MOBUTU, IDI AMIN, BOKASSA…) tous pensaient être les maitres du monde.
Étrange coïncidence : quand le Congo s’est aligné au diktat de la BAULE avec François Mitterrand, on a cru s’être ouvert à la démocratie, seulement on a découvert son envers, les dictateurs. Quand ces hommes en treillis ont décrété la mort de Dieu, ces autres dieux ont envahi le monde. Le Congo est devenu un pays hybride, ou le jour on honore Dieu, la nuit on sacrifie des enfants femmes et hommes sous l’autel d’un mysticisme devenu la règle pour demeurer au pouvoir.
Ils n’ont plus à démontrer, ni encore moins a proposer au peuple sauf a colmater l’échec.
On l’a prédit depuis son pseudo victoire sur le peuple a la crise financière qui s’abat au Congo, SASSOU est dorénavant dans le dur. Sa chute n’est plus une utopie c’est une réalité qui se construit chaque jour. Il s’est érigé en VRP des cérémonies fastueuses et frasques inutiles qui saigne encore plus le trésor public. Une façon de dire a son clan, voler manger profiter pendant qu’il est encore temps car le temps se gâte.
Cet imbroglio politico-institutionnel qu’il a lui-même crée éclipse une autre crise, plus silencieuse et sournoise, celle du fonctionnement de notre démocratie. Et tous les baromètres d’opinion de sonner le même tocsin, celui de la défiance des citoyens vis-à-vis de la politique et la défiance face à son clan, même hyperprotégé. Trop de fracture, trop d’injustice, trop impunité, trop de favoritisme…La coupe est pleine et il est temps de redescendre sur terre.
Le dernier son d’alerte donné par la CEMAC indique que le Congo serait le maillon faible qui tire les déficits et les mauvais placements financiers.
Des membres de la CEMAC le disent aujourd’hui clairement » que la « démocratie ne fonctionne pas bien ». Les congolais jugent que « le fonctionnement de la démocratie au Congo s’est dégradé au cours des quinze dernières années ». L’épidémie de coup d’état permanent révélée au cœur de l’’année dernière est en réalité une maladie démocratique en passe de devenir chronique. Ce diagnostic de la société aurait pu conduire à suivre le même précepte que le médecin face à son patient : « en premier, ne pas nuire ». Que de temps perdu et d’espoirs déçus ! Les élections de 2026 et l’absence d’une varie opposition unie et constructive ajoutent son lot d’illusion au Congo.
Qui, au lendemain de cette révolution a venir, difficile de prédire ce qui va désormais arriver dans ce pays, après 40 ans de dictature. Les Congolais exilés en Europe ou ailleurs ne vont pas tous rentrer pour redonner de l’élan à la nation. Nul ne peut dire si ce pays divisé depuis plusieurs années réussira à maintenir son intégrité, ni ce qu’il adviendra demain des minorités nordistes ou sudistes
L’instabilité politique est réelle. Et le risque de sombrer dans une autre radicalité encore plus féroce n’est pas exclu. Dès lors, essayons de porter notre regard sur le Congo tant son avenir est incertain.
Ce que l’année 2024 révèle, c’est que la cohabitation entre Congolais ne fonctionne plus, depuis le politique y a inoculé son venin de tribalisme. On se refuse de montrer le décalage entre la pratique politique et l’attente de l’opinion. Plutôt on trouve aisé d’inciter à la haine de l’autre.
Après le drame D’ORNANO, on pensait avoir pris conscience il est regrettable de constater que beaucoup de ces jeunes recrues ont été malicieusement exclu pour être remplacé par les enfants des dignitaires. Comment pensez-vous ce pouvoir peut encore perdurer ? Cette fois-ci une incapacité à entrer dans le « vivre ensemble » a été franchi. Alors que l’opinion est a prioriplus favorable à voir les forces politiques chercher le compromis et la coalition gouvernementale. Le Clan impose sa feuille de route totalement incohérente. La sortie de crise politique ne peut donc passer que par une nouvelle modernisation du fonctionnement de nos institutions, donc la fin de la dictature
Le défi qui s’impose à la classe politique est donc de mettre en adéquation le fonctionnement des institutions avec les nouvelles exigences démocratiques de l’opinion, 26 ans après sa violation par la Clan SASSOU. L’occasion est unique pour réconcilier les différentes formes de légitimités politiques : la démocratie représentative et parlementaire, la démocratie sociale, la démocratie délibérative et la participation citoyenne. Depuis la Conférence Nationale Souveraine qui nous a ouvert le chemin vers l’organisation d’une Convention Citoyenne sur la modernisation des institutions et du fonctionnement de la démocratie. Un tel dispositif permettrait de construire une majorité dans les assemblées et dans la société en associant les élus, la société civile et des citoyens. Utiliser la démocratie délibérative et participative semble être le seul horizon possible pour dépasser les blocages politiques et proposer une véritable respiration démocratique suivie d’un référendum sur un projet d’évolution constitutionnelle. Réparer la démocratie est le préalable indispensable pour redonner de la légitimité politique des gouvernants aux yeux des gouvernés.
« La mort d’un tyran laisse, pour longtemps, l’empreinte traumatisante du mal »
Jean-Claude BERI