
Le clin d’œil de Gilbert GOMA
Le panafricanisme dans le collimateur des détracteurs et apôtres de l’immobilisme de l’Afrique

Gilbert GOMA
Le panafricanisme est un mouvement qui a été créé au 19è siècle par les Afrodescendants, victimes de la traite négrière, de l’esclavage et d’innombrables humiliations pendant des siècles. Son objectif principal était l’émancipation des Noirs partout dans le monde, la lutte contre toutes les formes d’oppression, de domination de l’Afrique et la réalisation de son unité.
À l’origine de ce mouvement, il y a, entre autres, Henry Sylvester Williams, Marcus Garvey, W.E.B Dubois, Joseph Anténor Firmin, Bénito Sylvain, Georges Padmore, etc. Plusieurs leaders africains, qui ont lutté pour les “Indépendances africaines” dont Jomo Kenyatta, Nnamdi Azikiwé, Kwamé Nkrumah, etc, y ont été inspirés. Ayant participé au congrès panafricain de 1945 à Manchester, en Angleterre, Kwame Krumah fut l’un des théoriciens du panafricanisme. Dans son livre ” l’Afrique doit s’unir”, il montre la nécessité pour les pays africains de s’unir afin de faire face aux défis du monde. Cheikh Anta Diop également l’a souligné en faisant observer que “l’unité africaine est la clé de notre survie en tant que peuple et en tant que continent”.
Mais, de nos jours comme à sa création, le panafricanisme dérange tous ceux qui ne souhaitent pas le développement de l’Afrique, et en éprouvent une phobie pathologique. En lieu et place des légitimes débats d’idées sur ce mouvement, ils ont substitué le dévoiement, le cancanement, la superficialité. Le panafricanisme est brocardé sans ménagement, ses adeptes vilipendés, couverts d’opprobre et affublés des superlatifs les plus abjects, avec une sémantique d’inquisition.
L’objectif étant le gèle de l’élan de mobilisation actuelle de la jeunesse africaine en quête de liberté et de bien-être. Ainsi se déploient les apôtres du statu quo, de l’inertie et de l’immobilisme de l’Afrique. Avec cynisme, ils s’attèlent à la banalisation de la souffrance des Africains et de leur diaspora depuis l’esclavage, la colonisation et la postcolonisation, espérant ainsi réécrire l’Histoire. Leurs auxiliaires, certains Africains notamment, s’y adonnent avec la même énergie, s’en délectent et dénient la réalité dans laquelle ils ont grandi ou vivent. Avides de reconnaissance par les forces exogènes, faisant fî des aspirations de liberté de leurs compatriotes et des enjeux géopolitique et géostratégique de notre monde en perpétuel mouvement, incapables de s’affranchir des rets de la servitude mentale qui les gangrènent et versant dans une flagornerie sans borne, ils excellent dans le rôle d’inconditionnels répétiteurs des fables et légendes surannées des maîtres, dont l’obsession de dominer ad vitam æternam l’Afrique est irréductible.
La haine de soi qui guide ces Africains anti-panafricanistes, ces mercenaires d’une guerre fantasmatique contre leur propre continent, n’a d’égale que les chaînes de la servitude volontaire qui les enserrent chaque jour davantage. C’est la parfaite illustration de l’esclave qui refuse son affranchissement, sa liberté, qu’il considère comme un saut dans le vide ; par déni de soi, il implore son maître de le garder à perpétuité comme esclave. Dès lors il fustige les autres esclaves qui célèbrent leur liberté, qui sont fiers d’affronter l’inconnu afin de se réinventer.
Les Nègres marrons, ces esclaves, qui se sont battus sans relâche pour leur liberté, mais également les populations qui, sur le continent africain, se sont héroïquement opposées à la conquête de leurs terres ou contre toute domination, parfois au prix du sacrifice suprême, doivent avoir leur repos éternel troublé par le tintamarre et les lubies de ces détracteurs africains du panafricanisme. Ils doivent avoir de la commisération pour ces hérauts du dérisoire, ces chantres de la résignation et parangons d’une logorrhée délirante et ahurissante.
La jeunesse africaine actuelle est très ouverte au monde, et observe avec beaucoup d’égards les mutations qui s’y opèrent. Elle a une conscience croissante de la nécessité de la souveraineté de l’Afrique pour son développement et du panafricanisme, qu’elle appréhende sous les auspices de son époque, comme levier de l’unité afin d’atteindre cet objectif.
Loin du catéchisme revêche de ses détracteurs, qui profèrent désespérément des salves de pitreries sur ses adeptes, le panafricanisme est avant tout une idée qui ne peut être dilué en calomniant ceux qui s’en réclament : il transcende les individus. Le panafricanisme n’est pas une démarche de repli sur soi, ni de rejet de l’Autre, mais une ouverture à l’Autre. Le panafricanisme est un humanisme : il se nourrit de la souveraineté des peuples à disposer d’eux-mêmes et de la solidarité entre eux. En d’autres termes, le panafricanisme est une voie d’espérance pour un monde juste, équitable et solidaire.