
Lettre ouverte à Monsieur Bruno Jean Richard Itoua, Ministre des Hydrocarbures de la République du Congo

Nkombo Bikindou
*À propos du compte rendu du Conseil des ministres relatif au secteur pétrolier*
*Monsieur le Ministre,*
À la lecture de votre récent compte rendu du Conseil des ministres, du mercredi 02 juillet 2025, une question capitale s’impose : que faisons-nous réellement de notre souveraineté énergétique ?
Voilà plus de vingt ans que la Société Nationale des Pétroles du Congo (SNPC) a été fondée. Vous en connaissez parfaitement l’histoire, Monsieur le Ministre, puisque vous en avez été le tout premier Directeur Général. Vous êtes donc à la fois témoin et acteur fondateur de cette ambition nationale.
Et pourtant, deux décennies plus tard, la SNPC demeure un intermédiaire, un figurant dans un scénario dicté par d’autres, entre les majors étrangères et l’État congolais. Où sont passés les rêves initiaux ? Où sont les résultats concrets de cette souveraineté annoncée ?
– Avons-nous renoncé à devenir maîtres chez nous ?
Dix ans, oui, dix petites années auraient suffi pour former une génération d’ingénieurs, de géologues, de financiers du pétrole congolais, capables de maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur, de la prospection à la vente. Des pays aux ressources moindres ont accompli cette mutation. Pourquoi pas nous ?
Au lieu de cela, nous restons prisonniers d’un modèle ancien, celui des contrats de partage de production, conçus dans les années 1990. Ce modèle, vous le savez, est aujourd’hui désuet. Il maintient le Congo dans une position passive :
*on extrait chez nous, on vend ailleurs, on comprend peu, on décide encore moins.*
Pendant que des pays comme le Ghana, la Malaisie ou le Brésil montent en compétence, nous stagnons. Le plus tragique n’est pas dans le retard technologique, mais dans le déficit de foi politique dans la capacité congolaise.
Sommes-nous condamnés à rester les figurants de notre propre industrie ?
Ou est-il encore possible de rêver, et surtout de bâtir un Congo maître de son pétrole, prestataire de savoir-faire, et non simple client ?
Monsieur le Ministre, vous avez dirigé cette maison, vous connaissez ses forces, ses failles, son potentiel. Vous êtes bien placé pour initier un changement de paradigme. Voici ce qu’attendent les jeunes Congolais :
– Un plan national de formation et de transfert de compétences,
– Une réforme structurelle de la SNPC, pour en faire un acteur opérationnel de premier rang,
– Une diplomatie énergétique sud-sud, qui positionne le Congo comme exportateur d’expertise.
Oui, il est encore temps. Mais cela suppose du courage politique, une vision forte, et surtout, la confiance dans l’intelligence congolaise.
Notre pétrole est dans le sol. Mais notre avenir, lui, est dans les cerveaux.
Recevez, Monsieur le Ministre, l’expression respectueuse d’un citoyen soucieux de voir notre pays reprendre la main sur ses ressources, et croire, enfin, en sa propre capacité à décider.
Si vous partagez ce message, faites-le circuler. De telle sorte que le ministre des Hydrocarbures puisse le lire, c’est l’objectif. L’avenir du Congo ne se négocie pas à la marge. Il se construit, avec audace