Lettre ouverte au Révérend Pasteur Ntumi (Frédéric Bintsamou)

Ne soyez plus la porte par laquelle le malheur entre dans le Pool

Serge Armand Zanzala

Révérend,
Nous vous adressons cette lettre avec gravité et un profond sens des responsabilités. En tant que citoyen congolais et fils du Pool épris de paix, fidèle à la mémoire des douleurs du Pool et attentif à l’évolution de la situation nationale, nous vous écrivons pour vous inviter, respectueusement mais fermement, à renoncer à toute candidature à la prochaine élection présidentielle de 2026.
Notre message n’est ni partisan ni motivé par une quelconque animosité. Il est dicté par l’analyse lucide des faits et des signaux émanant de ceux qui, aujourd’hui encore, manipulent les leviers du pouvoir dans notre pays.
En effet, des informations concordantes, des témoignages des proches du pouvoir, ainsi que des analyses géopolitiques régionales montrent que le régime actuel prépare un nouveau cycle de déstabilisation ciblée. Cette fois encore, le stratagème consisterait à provoquer délibérément des foyers d’insécurité dans les quartiers sud de Brazzaville et dans le département du Pool, dans le but de légitimer l’installation durable de troupes étrangères déjà présentes dans le pays — notamment des soldats rwandais, centrafricains et tchadiens — sous le prétexte fallacieux d’une coopération sécuritaire, alors même que les contrats agricoles censés justifier leur présence auraient été, semble-t-il, résiliés.
L’objectif réel serait de plonger le Pool dans une insécurité telle que ses habitants soient contraints de fuir, devenant des déplacés internes dans leur propre pays. C’est ainsi que Denis Sassou Nguesso envisage de les punir : en transformant les populations du Pool en errants, en exilés sur leur propre terre.
Ces soldats, stationnés à Maloukou, aux portes de Brazzaville et en face de Kinshasa, font déjà l’objet de vives inquiétudes exprimées par les autorités de la République Démocratique du Congo et leurs alliés, notamment les États-Unis, soucieux de la sécurité de leurs investissements stratégiques en RDC.
Selon nos informations, au lieu de procéder à leur rapatriement, le pouvoir envisagerait de les redéployer discrètement dans le département du Pool, où leur présence passera plus inaperçue. Ainsi, une région déjà martyrisée deviendra une zone tampon militarisée, mise au service de la survie d’un régime en perte de légitimité.
Ces soldats pourraient être réactivés à tout moment pour intervenir à Brazzaville ou ailleurs, en cas de menace réelle ou fabriquée contre le régime.
Révérend pasteur, 
Ce plan cynique repose sur une stratégie connue : provoquer des troubles pour justifier une militarisation accrue, et étouffer dans l’œuf toute contestation politique. Dans ce schéma, votre candidature serait instrumentalisée comme prétexte à une nouvelle déstabilisation du Pool. Le pouvoir cherche un “prétexte crédible” : vous en seriez la victime désignée, et, avec vous, les populations déjà traumatisées du Pool.
Une vidéo diffusée récemment sur les réseaux sociaux par Faye Monana, un de vos proches, rapportant une réunion au sommet entre Denis Sassou Nguesso et le ministre Pierre Oba, illustre clairement la paranoïa du chef de l’État, qui voit dans les filles et fils du Pool un danger pour son pouvoir. Cette vidéo, rapidement retirée, témoigne de la tension au sommet et de la persistance d’une haine viscérale à l’encontre des Bakongo, transformés en ennemis héréditaires du régime. Denis Sassou Nguesso aurait accusé les Bakongo de vouloir s’emparer de son pouvoir, tandis que le ministre Pierre Oba tentait de nuancer cette vision, lui rappelant que la contestation ne vient pas uniquement du département du Pool, mais qu’elle traverse l’ensemble du pays.
Révérend pasteur,
Vous connaissez mieux que quiconque les souffrances de votre région. Vous portez dans votre chair et dans votre foi le poids de la guerre, de l’exil, de la méfiance, mais aussi de l’espérance. Le peuple du Pool vous respecte encore. Ne permettez pas que votre nom soit encore utilisé pour relancer une guerre que personne ne veut, sauf ceux qui n’ont plus d’autre issue que la violence.
Le mandat à venir, selon plusieurs sources, serait un mandat de règlement de comptes, un mandat de vengeance personnelle  de Denis Sassou Nguesso contre tous ceux qui ont « trahi » ou empêché la mise en place du projet dynastique qu’il a voulu. D’ailleurs, nous redoutons que vous ne soyez vous-même l’une des prochaines cibles, compte tenu de tout ce que vous savez et représentez dans l’histoire tragique des guerres du Pool. La machine est en marche, et elle écrasera tout sur son passage, sans distinction. Se tenir à l’écart de cette mascarade, c’est faire preuve de lucidité et contribuer à sauver des vies. Nous lançons cet appel à vous, Révérend, ainsi qu’à vos proches collaborateurs, notamment Gustave Ntondo, pour refuser collectivement d’être le levier d’un nouveau piège tendu contre le Pool et contre le peuple congolais dans son ensemble. L’histoire vous jugera non pas sur une élection, mais sur le choix que vous ferez aujourd’hui pour préserver la paix.
Recevez, Révérend pasteur, l’assurance de notre profond respect et de notre espérance en votre discernement.
Serge Armand Zanzala, Écrivain – Chercheur – Citoyen engagé,  Directeur de Publication de La Société Littéraire, Promoteur du projet Kongo Ya Sika

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