République du Congo : Les gares du CFCO,  un  patrimoine national  en péril.

 

 

OUABARI MARIOTTI

 

Depuis quelques années, les Congolais,  avec eux,  le monde des affaires national, et même étranger,  assistent impuissants  à  ce qui apparait  comme une non assistance  voilée,  par l’Etat congolais,  de l’établissement  public  qu’est le  Chemin de Fer Congo Océan(CFCO). D’où  la  dégradation  des  infrastructures  de l’établissement.

Malgré  les souffrances endurées, sous la colonisation francaise,   par les travailleurs  du  rail qui ont réalisé de  pénibles travaux de la construction du CFCO, travaux mortels en certaines  circonstances,  le CFCO   n’a  jamais perdu de son importance,  de par son rôle  stratégique. Un  rôle  perceptible  dans la souveraineté du Congo et le développement socio économique du pays,  malgré la baisse désespérante de sa  productivité  actuelle, à tous les plans.

Le  CFCO ne se donnant pas les moyens de se  moderniser, en dépit de  toutes les potentialités  qui pourraient  l’y   pousser,  ce chemin de fer recule,  en qualité  de transport des passagers et des marchandises. Par  effet d’entraînement,  la physionomie générale  des gares, sur tout le tracé  de la ligne du chemin de fer, suit la tendance à la détérioration des infrastructures.

Et pourtant,  dans le cas des  gares  de l’arrière  pays,  celles ci pourraient  stimuler l’économie locale en attirant des commerces ainsi que  des  activités  du secteur  informel. Les   résidences aux proximités des gares n’en  sont pas  exclues,  si les  conditions  et les modalités  d’habitation le permettraient.  Les environnements  de certaines  gares de   l’hinterland  font naître  des espaces publics vibrants, d’autant  que ces gares  facilitent l’accès  aux localités voisines et  aux territoires immédiats. Alliées  du tourisme,  les gares  de l’intérieur  du pays le  sont  aussi.Elles   sont  des points  d’entrée pour les touristes  qui pourraient  leur permettre de découvrir des attractions culturelles locales,  des monuments et  autres vestiges du passé.

Construites, sous la colonisation francaise,  les  gares du CFCO,  dont celle de la ville  portuaire  de Pointe-Noire,  se distinguent par  leur architecture. Des  constructions  anciennes, dont certaines ressemblent à  des gares de provinces françaises  qui contribueraient à la beauté des petites cités  qui les abritent  si les  collectivités  locales veillent à  la salubrité  de leurs espaces. On les  considère  même  comme des monuments historiques qu’il convient de préserver.

Une ligne de  subvention  conséquente  dans le budget de l’Etat congolais pourrait   rénover les gares  en les sortant de l’insoutenable état de  délabrement  dans lequel elles sont placées.  Une situation  due  à  des facteurs liés  au mauvais  fonctionnement  du CFCO. Tel  le manque  criard de maintenance et d’entretien réguliers des bâtiments, en raison  de la gestion irrationnelle  et non orthodoxe  du CFCO, à l’image  de ces  autres sociétés  d’Etat congolaises,  liquidées ou en vie,  qui  ne se sont jamais  données  une tradition de belle figure,  de par leur gouvernance saine et  transparente, quand bien même elles évoluent dans un contexte privilégié de monopole  qui leur est concédé,  dans le domaine de leur exercice.

 

.      La non réparation de l’impact des destructions  sur les édifices des gares du CFCO,  lors des violences  dues aux troubles politiques que le Congo ait connues, les années  antérieures,  a pour une bonne  part,   contribué  à aggraver les ruines  des gares de l’intérieur  du pays.

Le Chemin de Fer Congo Océan  reliant les villes de Brazzaville  et de Pointe-Noire, la  gare  centrale de Pointe-Noire est un élément important de l’infrastructure de transport de la ville océane.  Pointe-Noire étant le  principal centre  portuaire et économique du pays, sa gare centrale joue un rôle clé dans le transport de marchandises et de personnes. La réhabilitation du patrimoine  architectural  et historique  de la gare de Pointe-Noire,  tout comme de  celle, par ailleurs, du lycée  Victor  Augagneur,  est  un  atout majeur

pour le paysage urbain de la ville de Pointe  Noire.

Dans les grandes villes  du monde, les gares  à forte  affluence, telle la gare du Nord à  Paris, en France, se sont imposées  comme  des symboles des lieux de rencontre importants. La  gare centrale de Pointe-Noire, de par son passé  historique, sa position,  au  centre de la ville,  son site géographique  à un carrefour  d’intense  circulation, est un élément important de l’infrastructure de transport de  cette ville.

Il est temps pour les pouvoirs publics  congolais de se résoudre à prendre des mesures concrètes  pour procéder au redressement du Chemin de Fer Congo.  Conséquemment,  restaurer  et  préserver de la détérioration l’ensemble  de ses gares. Des gares  qui ont besoin

d’affirmer  leur  participation  effective au développement économique et social du pays.

La  rénovation des gares du CFCO est un investissement à  court, moyen et long terme  pour le   Congo. Sans compter  que devrait être bien  entretenu, dans l’intérêt  de la sous region,  le caractère de  voie  trans- équatoriale de communication pour laquelle  le CFCO  a été   fondé, en son temps,  par l’occupant  français.

Des défis et autres  obstacles potentiels qui  pourraient surgir lors des opérations  de  réhabilitation des gares seraient à  surmonter. Les gares pourraient  être situées dans des zones sensibles ou polluées, ce qui nécessiterait  des mesures spécifiques pour protéger l’environnement lors des travaux de réhabilitation.  Les gares devraient  être intégrées aux  infrastructures de transport existantes, la route,  spécifiquement.

Les gares  qui  auraient  une valeur historique et architecturale  devraient bénéficier  des mesures de protection pour préserver leur intégrité lors des travaux. Bien prendre en compte  la gestion des  impacts sociaux,  les  opérations  de réhabilitation pourraient  avoir des incidences sur les communautés locales, telles  des perturbations dans les mouvements  des populations. Les matériaux  utilisés pour la réhabilitation devraient  être de haute qualité et durables pour minimiser les coûts de maintenance et d’entretien à long terme.

Les projets de réhabilitation des gares pourraient comporter des risques tels que des retards, des dépassements de coûts ou des problèmes de qualité. La gestion des risques  devrait  donc, elle  aussi,  être  méticuleuse. Enfin,  pour garantir le succès

des projets de réhabilitation des gares,  ces défis devraient en totalité être prises en compte.

Ailleurs, des gares en péril ont été réhabilitées avec succès. Chaque gare a ses propres caractéristiques et défis, mais ces exemples peuvent servir de référence pour les projets de réhabilitation. Les clés de réussite incluent la restauration  soigneuse, en   préservant l’architecture et l’histoire de la gare tout en la modernisant. Integrer  de nouveaux espaces  pour les  commerces, des cafés  et restaurants ou des espaces culturels pour dynamiser la gare.

En Afrique, des gares ont été  réhabilitées ou rénovées.C’est  le cas  de la gare  de Tunis, en Tunisie,  rénovée dans les années 2000 pour améliorer ses installations et ses services. La rénovation a inclus la modernisation des quais, des salles d’attente et des guichets.   De même  la Gare de Casablanca, au Maroc,   restaurée  en  2010 pour améliorer son architecture et ses services. La   restauration  a  inclus la création d’un espace commercial et la modernisation des quais.  La  Gare  de  Nairobi, au Kenya, réhabilitée, en  2010 pour améliorer ses installations et ses services a été une vraie réussite. La rénovation a inclus la modernisation des quais, les salles d’attente et des guichets.

Il est  possible que d’autres gares en Afrique aient été  restaurées. Ces   exemples montrent que si des efforts  de réhabilitation  ont été  entrepris  dans des gares  africaines, il n’y a  aucune raison  pour que la République du Congo, pays riche  de ses ressources naturelles, soit en reste,  dans ce genre d’opération  d’amélioration  des infrastructures  ferroviaires.

La Nation congolaise  et son peuple  attendent de voir se réaliser ces  restaurations  des  gares  parce que le problème est courant en Afrique où de  nombreuses  infrastructures ferroviaires,  lignes et  gares confondues, vieillissent sans être modernisées. Ce qui entraîne des problèmes de sécurité, de fiabilité,  d’efficacité et  de  gestion.

Aux pouvoirs publics congolais  qui semblent  ne pas accorder  une priorité suffisante à la modernisation du CFCO et à la rénovation des gares  de  s’y pencher.

C’est  le moment. Oui, c’est le moment.

Dirait un  candidat dont j’ai  été le Directeur de Campagne aux Présidentielles congolaises de 2009. Candidat, injustement retoqué par la Cour Constitutionnelle à  l’examen  des dossiers.

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 Ouabari Mariotti 

Brazzaville 14 mai  2025

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