Congo
À Brazzaville, la conseillère du président Françoise Joly renforce son influence
Africa Intelligence
La représentante personnelle de Denis Sassou-Nguesso a placé l’un de ses fidèles à la tête du protocole présidentiel, au grand dam du patron du renseignement Jean-Dominique Okemba. Malgré l’agacement qu’elle provoque, Françoise Joly continue d’avoir la confiance et les faveurs du chef de l’État.
Publié le 14/01/2025 à 5h40 GMT
Le président Denis Sassou-Nguesso a pris son temps pour remanier légèrement son gouvernement. En vue de l’élection présidentielle de 2026, il compte aussi redynamiser le Parti congolais du travail (PCT), qui a prévu d’organiser son 6e congrès ordinaire cette année. Le chef de l’État a également opéré de légers changements qui font grincer des dents au sein de son clan et qui confirment l’influence grandissante de sa conseillère Françoise Joly, à la présidence comme sur les dossiers internationaux.
Le neveu du chef de l’État et secrétaire général du Conseil national de sécurité (CNS), Jean-Dominique Okemba, goûte peu de se voir retirer la stratégique gestion protocolaire et financière des voyages de la présidence. Particulièrement coûteux, ces déplacements impliquent de gérer de manière considérable des fonds publics pour le compte du clan au pouvoir. Cette prérogative revient désormais au colonel Alfred Simplice Ossombi Assingha. La nomination de ce dernier, le 7 novembre, au poste de directeur du protocole présidentiel a suscité l’ire du patron du renseignement. D’autant qu’elle se conjugue à sa promotion au grade de colonel major lors d’une cérémonie tenue le 8 janvier sur l’esplanade du stade Alphonse-Massamba-Débat sous le patronage du ministre de l’intérieur, Raymond Zéphirin Mboulou.
L’ombre de Françoise Joly plane sur ce changement à la tête du protocole privé du chef de l’État, dont elle est la représentante personnelle avec rang de ministre. La Franco-Rwandaise, qui a autrefois opéré au Togo pour le compte du président Faure Gnassingbé, renforce ainsi son influence au palais de Brazzaville. Le colonel major Ossombi Assingha, issu, comme le chef de l’État, de la communauté mbochie d’Oyo, a, lui, fait ses classes comme commando au sein de la Direction générale de la sécurité présidentielle (DGSP). Il se révèle être l’un des plus fidèles relais de la conseillère présidentielle, qui a largement œuvré à sa promotion. Initialement placé dans l’entourage du chef de l’État par le colonel Landry Olita au début des années 2010, Alfred Simplice Ossombi Assingha est désormais considéré comme un serviteur dévoué de Françoise Joly.
Villa fastueuse
Toujours plus présente sur des dossiers stratégiques tels que la diplomatie d’affaires avec les Émirats arabes unis, la Turquie, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan ou encore la Russie (AI du 30/08/23), Françoise Joly bénéficie d’un accès privilégié au chef de l’État. Particulièrement discrète et efficace, elle dispose d’un carnet d’adresses qu’elle fait fructifier au gré de sa diplomatie multilatéraliste, tournée vers les puissances émergentes, restant en retrait des relations avec la France. À Brazzaville, elle prend soin de marginaliser les ministres et autres conseillers, qui n’osent s’en indigner, de peur d’être ensuite pris pour cible.
Cette présence au sein du premier cercle du président agace de plus en plus, notamment la première dame, Antoinette Sassou-Nguesso, et des figures du clan, à commencer par Jean-Dominique Okemba. Ce qui ne semble pas pris en compte par le chef de l’État, qui fait construire pour Françoise Joly une villa fastueuse dans le quartier de la Cathédrale, en plein centre de Brazzaville. Le président Sassou-Nguesso a chargé l’un de ses amis proches, ancien partenaire de tennis, de superviser la construction et les travaux d’aménagement, sur le point d’être achevés. Il s’agit de l’homme d’affaires franco-congolais Serge Mouy, patron du célèbre restaurant de la capitale Mami Wata, dont la terrasse borde le fleuve Congo.
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