République du Congo.

Décès du Ministre Martin Mberi. Quand la coïncidence devient un symbole de liaison posthume.

Ouabari Mariotti
Maître Martin Mberi, Ministre congolais, en deux temps, d’abord, sous le Président Pascal Lissouba, ensuite, avec le Président Denis Sassou Nguesso, s’en est allé, au Centre Hospitalier Universitaire de Brazzaville, dans la nuit de 4 au 5 juin 2025. Une terrible nouvelle qui a coincidé avec le jour commémorant la 28eme année du départ des affaires publiques du Président Pascal Lissouba. Et subsidiairement, avec les 81 ans de ma naissance, au centre administratif colonial de Mabirou, sous le Moyen Congo français.
La coïncidence entre la date de ma venue au monde, le 5 juin 1944, et celle de la disparition du Ministre Martin Mbéri, le 5 juin 2025, est le symbole marquant, de la poursuite à l’Eternel Infini de l’inextinguible amitié qui a lié Maître Martin Mberi et moi, de longues années, depuis notre jeunesse commune au Quartier Ouenzé, à Brazzaville. Une jeunesse que nous avons partagée, dans le bonheur des activités sportives et socio-culturelles, avec des amis comme Félix Loubaki, Clément Nzimbou, Gustave Aba Ngandzion, Anatole Ndinga, Camille Oko, Lucien Boukoro, Moungounga Kombo Nguila, Germain Mouala, Mary Albert Colelas, Jean Marie Adoua. Pour ne citer que ceux là.
S’agissant du 5 juin 1997 qui a brutalement mis fin à un pouvoir que Maître Martin Mberi portait à bout de bras, la chose est différente. Peut-être que le mystère insaisissable du destin de Maître Martin Mberi ait choisi que celui ci nous quitte, le 5 juin 2025, pour une portée symbolique que l’on ne saura jamais, en lien avec avec l’histoire politique du Congo. Quoiqu’il en soit, cette coïncidence est certainement une circonstance notable.
Au delà de tout ceci, je suis bien affecté par la disparition de Maître Martin Mberi. Même si, ces dernières années, nos chemins avaient divergé, nous avions, tous les deux, des idéaux communs et une amitié solide qui a résisté aux épreuves du temps. Sa mort laisse quelque vide, dans ma vie et dans celle de nombreux Congolais qui l’ont connu et apprécié pour son dévouement, sa générosité et son engagement auprès des personnes faibles.
Mon amitié avec Maître Martin Mberi était forte et solide, fondée sur des valeurs communes et une tacite complicité qui nous unissait. Nous partagions des idéaux et des convictions qui nous ont permis de traverser les épreuves et les défis ensemble. Je me souviens des moments que nous avons passés, des discussions que nous avons eues, des projets que nous avons ruminés et qui n’ont jamais abouti.
Maître Martin Mbéri était un homme ouvert, modeste, réservé. Un grand esprit, doté d’une riche culture, juriste de par sa formation. D’une sobriété remarquable, Maître Martin Mberi aura fermé les yeux, sans avoir pris une seule goutte d’alcool, toute sa vie. Cette force de caractère et cette discipline lui permettaient de demeurer lucide et déterminé dans ses choix et ses actions.
Par ailleurs, intelligent, profondément humain, Maître Martin Mberi avait une riche connaissance de l’histoire, de la littérature et des questions mondiales, ce qui lui permettait d’aborder les problèmes avec une perspective éclairée et nuancée. Passionné des idées novatrices et des initiatives partant des gens d’en bas, Maître Martin Mberi était capable de dialoguer avec des personnes de tous horizons et de tous âges, sachant écouter avec attention et empathie.
Maitre Martin Mberi disparaissant, je reste honoré d’avoir pu partager des périodes de ma vie avec lui et je suis fier de pouvoir rendre hommage à sa mémoire. Même de ceux qui ne l’ont pas approché, il aura été un fin politique qui comprenait les mécanismes du pouvoir et les subtilités de la diplomatie. Capable de naviguer dans les eaux troubles de la politique avec habileté et intelligence. Bel orateur, il savait utiliser la parole pour convaincre et inspirer les autres. Sa voix puissante, sa présence charismatique lui permettaient de captiver son auditoire et de transmettre son message avec efficacité.
Que Maître Martin Mberi repose en paix. De lui, reste une famille inconsolable, extrêmement touchée par son décès. Ses enfants, qu’il aimait et guidait avec tendresse et fermeté, sont particulièrement affectés par la perte de leur père.
Mais, en deçà de la douleur de la perte, Maître Martin Mberi laisse un héritage précieux à ses enfants qui se résume au goût du travail, le sens de l’honneur et le respect d’autrui. Il leur a inculqué ces valeurs fondamentales qui les guideront, tout au long de leur vie, et leur permettront de devenir des citoyens responsables et respectés. Père adorable, Maître Martin Mbéri avait su transmettre à ses enfants les principes de l’intégrité, de la discipline et de la solidarité. Il les a encouragés à travailler dur, à poursuivre leurs rêves et à toujours viser l’excellence.
La famille de Maître Martin Mberi est reconnaissante pour le temps qu’il a passé avec eux et pour les leçons de vie qu’il leur a données. Elle gardera précieusement le souvenir de son amour, de sa sagesse et de son dévouement. Puisse cette famille trouver ici l’expression de mes condoléances les plus attristées et la traduction de ma solidarité. Même solidarité à l’endroit des personnels du Conseil National du Dialogue dont Maître Martin Mbéri était le Secrétaire Permanent.
Enfin qu’arrive le temps des hommages officiels en mémoire de Maître Martin Mberi. Temps où la Nation Congolaise célèbrera le citoyen qu’il a été, au nom de la Patrie Reconnaissante.
Adieu Martin.
Paris 5 juin 2025
Ouabari Mariotti

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