Congo-CEMAC : vers une dévaluation du fcfa si rien ne change et qu’un nouvel Eurobonds est engagé ( lecture 4 min )

PARLONS-EN. Les voyants économiques de la république du Congo, déjà au rouge, masquent mal la brutale dégradation des termes de l’échange qui devrait intervenir aux appels de marge du second trimestre (fin juin). Elle entrainera la CEMAC toute entière dans sa chute si rien n’est entrepris.

 

Ghys Fortuné BEMBA DOMBE

 

L’économie de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) traverse une phase critique marquée par des tensions budgétaires, un resserrement monétaire de la BEAC, des réserves de change en baisse, et une faible diversification économique. En 2023, la croissance du PIB régional s’est ralentie à 2,5%, en raison de la baisse des revenus pétroliers et d’une conjoncture économique mondiale défavorable (FMI, 2025). L’un des facteurs les plus préoccupants reste le système bancaire de la CEMAC, qui subit une rareté des liquidités due aux restrictions monétaires imposées par la BEAC. Cette politique, bien que nécessaire pour contenir l’inflation (4,3 % en septembre 2024), complique l’accès au crédit et freine l’investissement, aggravant ainsi la crise de liquidité dans la région CEMAC. Les États membres peinent à lever des fonds sur le marché financier régional. La dette publique représente 50,9% du PIB en 2024, avec une pression accrue sur les finances publiques, rendant le refinancement plus coûteux et augmentant la perception du risque souverain. Dans ce contexte, les réserves de change ont chuté à 4,43 milliards d’euros, menaçant la stabilité monétaire et ravivant les spéculations sur une dévaluation du FCFA CEMAC.
Cette incertitude affaiblit la confiance des investisseurs, entraîne une fuite des capitaux et augmente le risque systémique dans la région. Une restructuration budgétaire et un engagement plus ferme en faveur de la diversification économique sont nécessaires pour stabiliser la CEMAC et éviter une nouvelle crise financière.

Le Congo : une économie en surendettement et vulnérable à la dévaluation

La République du Congo est l’un des pays les plus affectés par cette situation macroéconomique instable. Son économie, fortement dépendante des hydrocarbures (80% des recettes d’exportation), subit une pression budgétaire croissante en raison de la volatilité des prix du pétrole et d’une mauvaise gestion des finances publiques. Trois aspects sont à distinguer :

A. Une dette publique exorbitante et des difficultés de financement

Le FMI (2023) classe le Congo parmi les pays en détresse de la dette, avec un taux d’endettement de 92,5 % du PIB en 2022, bien que légèrement réduit par rapport aux 98% de 2021. Cette dette, majoritairement libellée en devises étrangères, représente un fardeau financier important, d’autant plus que le pays rencontre des difficultés croissantes de paiement de ses arriérés extérieurs. Le Congo a dû restructurer plusieurs emprunts, notamment son eurobond de 477,79 millions de dollars à échéance 2029, ce qui démontre la frilosité des marchés financiers internationaux à accorder des financements au pays. En conséquence, les marges de manœuvre budgétaires se réduisent, accentuant la dépendance aux prêts concessionnels et aux appuis budgétaires multilatéraux. Les critères de premier rang (principaux) de convergence par rapport à la CEMAC établissaient i) le solde budgétaire de base (hors pétrole) rapporté au PIB nominal à -3,4% du PIB en 2023 ; ii) le Taux d’inflation annuel moyen établi à 4,3 % en 2023 (supérieur à 3%) ; iii) l’encours de la dette publique intérieure et extérieure rapporté au PIB nominal a atteint 98,4% du PIB en 2023, bien au-delà du critère de convergence de la CEMAC fixé à 70% ; l’absence d’arriérés de paiements intérieurs et extérieurs étaient estimés à 123 milliards de FCFA (soit 1,0 % du PIB) à fin 2023. Tous ces indicateurs ont explosés en 2024 et 2025, aggravant les anticipations au désastre à venir.

B. L’impact potentiel d’une dévaluation du FCFA

L’hypothèse d’une dévaluation du FCFA a refait surface avec la détérioration des réserves de change et la perte de compétitivité des économies de la CEMAC. Pour le Congo, un tel ajustement monétaire aurait des conséquences incalculables : i) Un coût accru du service de la dette extérieure car une dévaluation augmenterait mécaniquement la valeur en FCFA des dettes en dollars et en euros, aggravant les difficultés de remboursement et réduisant la solvabilité de l’État ; ii) Une Inflation avec pression sur le pouvoir d’achat car la République du Congo importe une grande partie de ses biens de consommation et équipements médicaux. Une dévaluation provoquerait une hausse du coût des importations, accélérant l’inflation et affectant les ménages les plus vulnérables ; iii) Un effet positif sur les exportations, mais à impact limité car l’économie du Congo repose principalement sur les hydrocarbures libellés en dollars.

C. Les tensions sur le secteur bancaire et l’accès au crédit

Le secteur bancaire congolais est plus ou moins en crise sérieuse, avec une accumulation des créances douteuses, un manque de liquidités, et une offre de crédit réduite en raison du resserrement monétaire de la BEAC. Cette situation limite le financement du secteur privé et freine la diversification économique. Dans ce contexte, la levée annoncée d’un nouvel Eurobonds de 500 millions d’euros va définitivement plomber la capacité d’endettement du Congo d’autant plus que cette dette sera immédiatement revendue sur le marché des junk bonds (créances pourries) et racheté ipso facto par les fonds vautours en mal de revanche contre le pouvoir de Brazzaville. La pondération du PNOT sur les bilans des banques congolaises va fermer le petit flux résiduel de financement encore disponible. La profusion de sociétés de Bourses actuelles qui sont de réelles lessiveuses à argent frauduleux sont devenues un danger pour la survie du pays (nous y reviendrons).

Un Pays à la croisée des chemins

Le Congo fait face à une situation économique complexe, exacerbée par une dette publique élevée, une forte dépendance aux hydrocarbures, et une instabilité du secteur bancaire. La perspective d’une dévaluation du FCFA ajoute une incertitude supplémentaire, avec un risque d’inflation accrue et une hausse du coût de la dette extérieure. Seule une réforme structurelle ambitieuse, combinant discipline budgétaire, diversification économique et renforcement du secteur bancaire, permettra de stabiliser l’économie et d’assurer une croissance durable. Pour sortir de la difficulté, il faut des patriotes et utiliser des cerveaux gris abandonnés au profit de la tribu et des cerveaux bleus qui cassent les tympans des congolais actuellement pour une élection présidentielle « bidon » entachée des irrégularités en amont ( nous y reviendrons avec de forts détails).

Ghys Fortuné BEMBA DOMBE

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