Congo : MM. Sassou, N’Silou, Moungalla , Oboa et Cie : entre sécurité, populisme et amateurisme.


Ghys Fortune BEMBA DOMBE
Tandis que la polémique sur la lutte contre la violence persiste et que le commandant en chef Denis Sassou Nguesso confirme ce que nous disions autrefois, la gadoue gouvernementale s’épaissit davantage et installe le pouvoir dans un imbroglio incommensurable. Vraisemblablement, le bateau prend de l’eau. Le capitaine perd le gouvernail et essaie de se rattraper par des discours confus*et graves mais curieux de la part du père de la nation. On croyait que Claudia Sassou et Thierry Moungalla canaliseraient la communication présidentielle dans un pays en proie à une crise, et que Claude Alphonse N’Silou,*apaiserait la tension, grosse erreur ! Les propos et le tout récent décret de M.Sassou interrogent ainsi que la note circulaire du 28 octobre 2025 de son ministre d’État.
Le type d’opération lancé par le commandant en chef Sassou qui fait des morts, n’est pas la première au Congo. Ce dernier nous le rappelle tout en remuant le couteau dans les plaies. Certes, éradiquer le banditisme est le devoir de tout gouvernement, quel que soit le lieu où on se trouve sur la planète. L’action est salutaire mais le modus operandi diverge d’un pays à un autre, avec un soubassement juridique incontestable; Ce genre d’opérations a toujours créé des polémiques et est sujet à controverses. Celle menée au Brésil le 28 octobre 2025 où 2500 agents mobilisés contre la bande criminelle ” Commando Vermelho ” a été, selon le gouverneur Claudio Castro, précédée par une année d’enquête avec 113 arrestations qui s’est soldée par 132 morts. Mais cette opération est critiquée par les défenseurs des droits de l’homme qui parlent de terroriser les Brésiliens. Elle est politisée par la gauche qui évoque des manœuvres menées par un gouverneur – allié de Jair Bolsonaro – à une année de la présidentielle. Par ailleurs, au Ghana, pour mettre un terme au grand banditisme, Jerry Rawling avait ordonné de liquider tous les bandits de grand chemin, avec ce que cela comportait comme bavures incroyables et comportements extrajudiciaires.
L’opération brésilienne est, à quelques exceptions près, semblable à celle menée par la DGSP, tout au moins dans un contexte pré-électoral. Les deux se déroulent à quelques mois de la présidentielle. Certaines personnes parlent d’intimidation et de violations des droits de l’homme. D’autres lassées par les exactions commises par les Kuluna acclament. Au-delà de tout, l’opération ordonnée par le général Sassou donne à réfléchir.
Les leçons de l’opération zéro Kuluna
1) Il faut noter la faiblesse de la communication au sein du gouvernement. Thierry Moungalla et Claudia Sassou ne maîtrisent pas la communication de crise.
2) les propos de M. Sassou au lycée de la liberté sur les massacres du Pool, confirment bien son implication directe dans les exactions commises par ses soudards. Un aveu de crimes d’État, puisque Ntumi et ses éléments que la DGSP était allé rechercher sont toujours vivants et se la coulent douce. De quel succès parle t-il ? Celui d’avoir tué les paisibles paysans et détruit leurs biens?
3) la justice ne fait pas son travail car, la police a toujours traqué des Kuluna et mis à la disposition de la justice mais qui sont vite relaxés.
4) violations des traités internationaux
5)Les décennies de gouvernance du régime Sassou et malgré le changement d’hommes dans un processus de chaises musicales, l’impréparation et la médiocrité ne semblent pas déteindre. Elles sont désormais érigées en marques de fabrique.
L’amateurisme de N’Silou
Du haut de ses 23 ans passés au gouvernement et dans la mafia politicienne, N’Silou brille par une amateurisme effarante. Les notes prises par ses soins ne sont que des coups d’épée dans l’eau. Elles ne sont d’aucun effet d’autant que rien a bougé dans le paysage commercial et entrepreneurial. À l’évidence, ces notes ne sont pas préalablement mûries, examinées et jaugées. Pire, elles manquent de perspectives. Par exemple, la note circulaire du 19 janvier 2024 n°0002 MCAC-CAB portant sur l’exercice des activités commerciales au Congo n’a contraint personne à obtempérer. Cette décision n’était qu’un enfumage au regard de la multitude d’activités exercées par des prête-noms des gouvernants.
En parcourant la liste des interdictions faites aux étrangers, force est de constater que N’Silou fait preuve d’amateurisme dans la gestion publique. Que propose-t-il aux nationaux en termes de facilitation pour la fabrication du pain, par exemple ? Ignore-t-il que l’importation de la farine est l’exclusivité des nantis du pouvoir? Le cas “Niangadou” est très parlant. N’Silou a-t-il mis en place des structures de formation aux métiers de boulanger. Existe-t-il une filière sur ces métiers dans les lycées ou collèges techniques en vue d’avoir une pépinière de boulangers congolais? A-t-il réussi à éradiquer la pratique illégale de la médecine, notamment la prolifération des cliniques et cabinets médicaux tenues par des étrangers ?
Quant à l’interdiction faite aux étrangers d’ouvrir des établissements scolaires et universitaires, elle est nulle. Les écoles turque et américaine ne sont pas des écoles consulaires. À l’école turque, les filles portent un foulard sur la tête : C’est un signe religieux et un pied de nez fait à la laïcité.
L’impréparation est encore palpable dans l’aveu glissé sur les mesures d’accompagnement qui n’étaient pas encore prises sur l’augmentation des prix des carburants, de l’électricité et de l’eau, comme le témoigne une phrase de l’injonction (correspondance n° 230633/PMCG-CAB du 14 juillet 2023) assénée au Ministre Nsilou par le ACM. En amont des augmentations, aucune condition idoine pour atténuer les souffrances des populations n’était créée. Le gouvernement avouait ne s’être pas encore déterminé « sur les niveaux d’augmentation à appliquer aux produits vendus… ». L’injonction d’ACM avait contraint Nsilou de réajuster le tir en s’adressant aux directeurs généraux des sociétés industrielles (correspondance nᵒ 00120/MCAC-CAB du 14 juillet 2023).
Récemment, N’Silou a pondu la note nᵒ 00192/MCAC-CAB interdisant la vente et l’importation des machettes et des motos. Que deviendraient les paysans sans cet outil ? Comment vont vivre les citoyens qui dépendent des taxis motos ? Qu’attend-t-il pour prendre des notes contre tous les objets contondants ? Les trois exemples ci-dessus, parmi tant d’autres illustrent clairement l’incompétence de N’Silou. Les soi-disant cadres, censés apporter une certaine expertise à la gestion des affaires publiques, n’ont pour nom que d’apparat.
Ghys Fortune BEMBA DOMBE














































































































































































































































































































































































