
Le clin d’œil de Gilbert GOMA

Journée mondiale de soutien à Ibrahim Traoré

Gilbert GOMA
Ce 30 avril 2025 des millions d’individus se sont mobilisés dans les rues, à travers le monde, pour apporter leur soutien à Ibrahim Traoré, Président du Burkina Faso, suite à la déclaration inquisitoire proférée à son encontre, au sénat américain, par le général Américain Langley, à la tête de l’Africom, le commandement des USA pour l’Afrique. Pour l’officier américain, Ibrahim Traoré utilise les richesses de son pays exclusivement pour sa sécurité personnelle au détriment de son peuple.
Mais au delà de cette réthorique d’un autre âge, de cette dramaturgie autour du Président du Burkina Faso, c’est l’avenir de l’Afrique artificielle, émiettée, générée par la conférence de Berlin, en 1885, qui est en jeu. Redoutant l’unité de l’Afrique au regard du processus en cours en Afrique de l’Ouest, avec la création de l’AES (Alliance des États du Sahel) par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, les pays néocoloniaux, au lieu d’imaginer les conditions d’un nouveau partenariat qui serait profitable pour tous, déploient tous les artifices pour empêcher cette initiative salutaire pour les Africains en édifiant des stratégies pour déstabiliser ces pays, afin de perpétuer leur domination sur le continent.
Dans son livre ” L’invention de l’Afrique” le philosophe congolais, Valentin Mudimbe “, bat en brèche le récit qui a été construit sur l’Afrique. Ce récit, portant les effets d’un miroir déformant, a justifié dans le passé comme de nos jours une kyrielle de violences sur ce continent de la part des puissances coloniales ou néocoloniales. À l’instar de tant d’autres (Joseph Athénor Firmin, Cheickh Anta Diop, Théophile Obenga, Jean Marc Ela, Kalala Omotounde, Mbombog Mbog Bassong, etc), Mudimbe en appelle à une relecture réaliste de l’Afrique, sans artifice, en toute objectivité.
Hélas, une minorité de l’élite politique dans les pays néocoloniaux, dogmatique, bloquée par les rets de son formatage, déniant l’irréversiblité du mouvement dans l’Histoire, incapable d’opérer sa mutation culturelle et d’initier sa révolution copernicienne en réinventant de nouvelles approches des rapports internationaux, assigne avec mépris et de manière délibérée et obsessionnelle le continent africain, la mère de l’humanité, à la portion congrue de la géographie, lui amputant sa substance historique. De l’Afrique, cette élite minoritaire, parangon de l’humanisme, semble-t-il, n’y voit qu’un creuset de matières premières dont elle doit s’accaparer, quel qu’en soit le prix, peu importe la vie des hommes, femmes et enfants de ce continent ou leur droit à disposer d’eux-mêmes. De même que cette élite minoritaire dogmatique a un regard du monde rétréci, se résumant à travers le prisme de la loi du plus fort, de la domination des Autres, de même elle a pour fétiche la substitution du droit par le vice.
L’Afrique martyrisée, chosifiée, invisiblisée, inventée par d’autres, entend se dépouiller des oripeaux pouilleux, nauséabonds, qu’on lui a fait porter de force. Le changement s’inscrivant dans l’ordre de l’Histoire, cette Afrique est déterminée à écrire désormais son histoire elle-même. Et la Nouvelle Génération s’y attèle avec opiniâtreté, car lasse de voir la sueur de l’humiliation couler à flot sans discontinuer sur le visage du continent.
La Nouvelle Génération est consciente que le salut du continent ne viendra ni de ses dirigeants qui, pour la plupart, sont en cheville dans un système de prédation avec les pouvoirs néocoloniaux qui leur servent de soupapes de protection, ni des chimériques aides au développement, véritables attrape-nigauds et appâts de dépendance perpétuelle. Elle entend sortir le continent de la grotte de la domination dans laquelle elle est enfermée à dessein, en lui restituant sa dignité, et ce, dans un monde ouvert, enclin à la justice et aux rapports gagnant-gagnant entre les nations. Tel est aujourd’hui le sens du mouvement de la jeunesse et de ses dirigeants dans les pays de l’AES (Mali, Burkina Faso et Niger), en Afrique de l’Ouest. Portant l’espoir du continent pour sa souveraineté, ce mouvement atteindra inéluctablement d’autres pays africains où s’accrochent désespérément au pouvoir des minorités de blocage déniant la réalité des mutations en cours. Il ne s’agit point, dans ce monde global où tout s’entrelace, d’une démarche ou d’un ressentiment ciblant un pays quelconque comme aime à feindre certains en mal d’imagination ou dans l’incapacité de nommer la réalité, mais un élan de réconciliation de l’Afrique avec elle-même et de reformulation de ses rapports au plan international.
Que vaut une inquisition, enveloppée sous la chape de l’humanisme, à l’égard des sociétés qui veulent retrouver leur liberté, leur souveraineté ?
L’humanisme ou “Kimuntu”, c’est la tolérance, c’est vivre en harmonie, dans la justice, l’équité et la paix. “L’humanisme n’est pas la volonté de dominer le monde “, il est la solidarité entre humains “, a fait observer le philosophe et sociologue français, Edgar Morin.
Gilbert GOMA