Quand la peur gouverne, Sassou poussé à bout montre ses limites.
Jean-Claude BERI
En 1997 à son arrivée à la présidence de la République Congolaise, après un sanglant coup d état suivi d’un massacre ignoble sur la population, Denis SASSOU NGUESSO s’était engagé à restaurer une « gouvernance apaisée » qui aurait été, selon lui, mise à mal durant les années LISSOUBA, marquées par un profond délitement de l’État.
SASSOU NGUESSO a réussi à mettre en œuvre un système fondé bien plus sur la crainte qu’éprouvent aussi bien les élites, les opposants que les simples citoyens de se retrouver broyés par la machine répressive que sur le respect scrupuleux de la loi. Une peur omniprésente dans la société omniprésente, qui est notamment un élément explicatif à prendre en compte lorsque l’on analyse les causes du déclenchement de la peur de l’autre et la nature de la réaction de la société congolaise.
Après avoir formé la gouvernance par la peur, SASSOU NGUESSO se lance dans la construction du système de répression. Il aura ainsi achevé de bâtir le pouvoir par « l’obéissance ou la répression » en 2002
Cette consigne, qui circulait au tout début du règne de SASSOU , résonne encore deux décennies plus tard : KILI KILI TE . ( pas d’opposition, ni contradiction) . Comment expliquer que SASSOU NGUESSO se soit maintenu au pouvoir aussi longtemps et parvienne à imposer un agenda politique aussi implacable ? En dépit des sanctions infligées par les démocraties occidentales à sa gouvernance jugée indigne depuis 2014 et destinées à saper la légitimité de ses dirigeants, ni rébellion des élites ni mouvement contestataire ne semblent pour l’heure s’esquisser. Que doit la longévité de l’équipe dirigeante aux peurs qu’elle suscite, aux intérêts économiques qu’elle sécurise et aux soutiens sociaux dont elle bénéficie ?
Il traite des usages politiques et ceux de la société civile par une coercition sans égale, en instaurant la mise au pas des responsables politiques et administratifs, l’usage de l’intimidation dans le monde des affaires et les initiatives citoyennes dans la lutte contre la délinquance et les incivilités. Le Congo rente dans l’ère de la dictature la plus affreuse de son histoire.
Cette « dictature » visait initialement à installer l’autorité de l’État, à sa manière, notamment dans les régions ou fiefs de l’opposition .Valorisant trois compétences : – la répression et l’emprisonnement sans jugement, dont Jean François NDENGUET et Phillipe OBARA en sont devenus des experts, la fabrique de scandales médiatiques et l’exercice de la justice a tort , dont Zépherin MBOULOU en est le chantre –, elle aboutit à faire de l’intimidation par le droit une activité concurrentielle et très lucrative pour mater l’opposition.
La « gouvernance par la peur » s’applique en premier lieu aux élus et aux responsables politiques. Les prisonniers politiques ne sont pas les seuls à faire les frais de la répression : au cours des années 2010, nombreux sont les personnalités qui ont fui en exil pour éviter d’être sous les verrous. Leur allégeance au pouvoir présidentiel les fait bénéficier d’une impunité, mais celle-ci est conditionnelle : ils sont placés dans l’insécurité en étant exposés à des procédures judiciaires jouées d’avance et à des magistrats soumis aux injonctions hiérarchiques. Au sein d’un « système » corruptible où l’on doit son poste – et les ressources afférentes, souvent illicites – à un système clanique plus haut placé, l’instrumentalisation du droit et de la justice joue un rôle disciplinaire crucial. L’accusation de corruption est la plus usuelle, avec ses détectives aussi à l’aise dans les services répressifs que dans les officines privées, ses maîtres chanteurs, ses professionnels du scandale, ses hérauts médiatiques et ses juges aux ordres.
Cette mise au pas n’est pas dénuée de légitimité aux yeux des fanatiques du pouvoir. Nombreux sont ceux qui, au Congo , expriment leur méfiance vis-à-vis des opposants et appellent à renforcer la répression. Cette demande de sévérité est d’ailleurs exploitée par MBOULOU . Elle explique qu’en dépit de la mauvaise réputation internationale d’une classe dirigeante jugée sans foi ni loi, la répression de la corruption constitue une constante de l’agenda politique depuis plusieurs décennies, dès avant la fin de la conférence nationale souveraine. Le soutien populaire à la répression s’explique notamment par la prégnance d’une figure du bouc émissaire – le fonctionnaire corrompu – qui consolide la légitimité présidentielle. Dans le discours de SASSOU, auquel adhère une partie de la population, c’est en effet à cet intermédiaire qu’est imputée l’application déficiente des politiques publiques, et non au chef de l’État. Voler, piller, violer, incarcérer, brimer torturer…vous êtes protéger, pourvu que le pouvoir soit en sécurité.
La lutte anticorruption réussit ainsi le tour de force d’éliminer des adversaires tout en passant pour une politique vertueuse. Est-ce à dire que la « gouvernance par la peur » fonctionne conformément aux objectifs qui lui étaient assignés ? Doit-on en d’autres termes considérer que l’« obéissance ou la répression » est désormais achevée ? Si la « gouvernance par la peur » contribue au maintien de l’ordre politique, elle ne doit pas accréditer une représentation démocratie conformément aux normes internationales » que promeut SASSOU NGUESSO. Ce serait alors relayer la communication présidentielle, qui tend à personnaliser le pouvoir politique, à l’attribuer in fineà un souverain omnipotent, seul au sommet.
Ainsi SASSOU ne gouverne que par la vulnérabilité politico-juridique de l’opposition, l’instrumentalisation de la loi et la malléabilité d’une opposition assoiffée et perméable. En faisant planer le risque de débordements, ces déclinaisons sont aussi de potentielles sources de désordre qui défient les autorités congolaises. La « gouvernance par la peur » Son pouvoir aujourd’hui vacille en permanence.
En s’octroyant tous les pouvoirs, pouvoir clanique, pouvoir autoritaire, pouvoir autoproclamer, tous ces qualificatifs montre que nous avions affaire a un pouvoir hybride et non démocratique. A chaque crise politique il refuse de s’auto-assumer mais s’empresser de rejeter la faute aux opposants dont il juge le travail inquiétant pour son pouvoir et sa fratrie. C’est un gouvernement de gangster avec des méthodes de gangster utilisant le clientélisme, c’est-à-dire l’octroi de faveurs en échange de l’allégeance, l’adhésion à des conventions non écrites, c’est le cas avec NTUMI, l’art de l’intimidation et du chantage, la légitimation par la réponse à une demande d’ordre ou encore la valorisation d’une identité et de valeurs non communes…
MBOULOU vient de signer l’arrêt de mort politique de SASSOU NGUESSO croyant le sauver. Un parti politique qui existe depuis plus de 30 ans ne peut être interdit d’exercer ses activités sur un coup de suspicion d’absence de militants. Cette exclusion sans justificatifs apparait comme énième provocation. Comme souvent, les Congolais ne sont pas unanimes et diverses réactions s’observent face à la décision et aux mesures prises par le le ministre MBOULOU. Pour autant, une attitude majoritaire semble se dessiner, c’est celle d’une acceptation résignée. Même si l’exaspération et la colère affleurent parfois, une majorité de nos concitoyens considère que nous n’avons pas le choix et qu’il faut se plier à ces contraintes pour se protéger et protéger ses proches. Le principal ressort du respect des consignes n’est pas la confiance dans le gouvernement mais la crainte des brimades et tortures. En effet, l’exaspération de la peur continue de faire fonctionner comme en témoigne par exemple le cas de LASSY MBOUITY.
L’homme aurait moins irrité peut-être l’opposition s’il s’était arrêté là. Mais il a choisi, peut-on dire, de porter la provocation à son paroxysme en ajoutant les partis de Mierassa et celui de Dave Mavoula et laisser poursuivre son plan machiavélique le Parti de NTUMI. Le ministre de l’Intérieur a donné le fouet pour se faire flageller
Un ministre de l’Intérieur qui, qui plus est pilote de l’organisation de la présidentielle en vue, ne devrait pas se comporter de la sorte. Et il l’a immédiatement appris à ses dépens. Car, l’ensemble des démocrates congolais exige sa démission. Pour la société civile, la neutralité et l’impartialité du ministre de l’Intérieur sont en cause après les décisions d’une telle ampleur. Pour nous, « Nous ne saurions accepter que ce partisan déclaré d’un candidat organise des élections dans notre pays »
Cela montre que ce gouvernement balbutie et prend des décisions incompréhensibles. Et l’on peut dire que c’est le ministre de l’Intérieur qui lui a donné le fouet sur un plateau d’or pour se faire flageller. En effet, quelle mouche a bien piqué le ministre de l’Intérieur pour qu’il ouvre la boite a pandore qui met en avant son caractère partisan ?
Il devrait d’autant plus s’abstenir de prendre de telles décisions que l’opposition, en tout cas pour ce qui en reste, vent debout pour exiger que le ministère de l’Intérieur, du fait qu’il est la structure chargée d’organiser les élections, soit confié à une personnalité apolitique. Les vraies choses commencent et le gouvernement a la tête entre les jambes face à cette tension légitime.
Logiquement, et comme nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes, le serviteur zélé de SASSOU NGUESSO, c’est-à-dire le ministre de l’Intérieur, auteur de ces décisions provocatrices, doit en tirer toutes les conclusions qui s’imposent. Et la première d’elles est de rendre le tablier. Ça sent le roussi au niveau international ou l’administration américaine a demandé a la France d’arrêter son poulain.
Tous les ministres sont habités par cette crainte de commettre une bourde fatale ce qui laisse la place a l’impensable.
Jean-Claude BERI















































































































































































































































































































































































