
Le clin d’œil de Gilbert GOMA
Ce que crise économique veut dire
Les crises économiques en Afrique, sont des crises politiques.
Gilbert GOMA
Pour évoquer les difficultés que les populations vivent au quotidien dans les pays africains, on fait généralement allusion à la notion de “crise économique”. Et pourtant cette affirmation est aux antipodes de la réalité, car la crise dans ces pays est avant tout une crise structurelle, une crise des institutions, avec en amont l’absence d’éthique de responsabilité de ceux qui les animent et dont la mission est de gérer la destin collectif. L’économie étant, par définition, la capacité de l’homme de transformer son environnement pour son existence à travers les mécanismes de production et d’échanges, il va de soi que la crise soi-disant économique que l’on proclame, à cor et à cri, notamment par les gouvernements pour justifier leurs échecs, est à l’évidence une crise de l’intelligence, une crise politique, étant entendu que la politique c’est la gestion de la cité.
Le manque d’eau et d’électricité, les hôpitaux mouroirs, les routes en lambeaux, le déclin de l’école, le chômage endémique des jeunes, le tribalisme, les violences de toutes sortes, ne sont pas des maux qui sortent du néant ou préexistent à la société, mais naissent du fait de la mauvaise gouvernance, donc des hommes et femmes qui ont la mission de trouver des solutions aux attentes de leurs compatriotes.
Une crise, quelle qu’elle soit, n’est possible que s’il y a une défaillance ou une anomalie quelque part, autrement dit elle n’existe pas par elle-même. Donc considérer une crise économique comme l’origine des problèmes que vivent nos pays, est une hâblerie, un évitement semant la confusion entre causes et conséquences. Ce diagnostic erroné conduit, hélas, à des thérapies de surface qui contraignent nos pays à demeurer dans la logique du labyrinthe, autrement dit de tourner en rond.
Ce n’est pas en changeant les gouvernements, même au rythme d’une rotative, ni en appliquant les théories et les programmes les plus élaborés, ou déverser de gros moyens financiers par les partenaires multilatéraux ou bilatéraux, qu’on peut arriver à éradiquer une soi-disant crise économique dans nos pays. Cela n’est possible que dans un espace politique sain, fluide, transparent, s’appuyant sur des institutions “fortes” et des dirigeants politiques portés par le souci du bien-être collectif, et non ceux qui ont fait de la corruption, le détournement des déniers publics et du cynisme face à la misère de leurs compatriotes leur raison d’être.
Un pays est à l’image de ceux qui le gouvernent, autrement dit du système auquel ils appartiennent. Mais le changement étant inéluctable dans toute société, il doit être impulsé par de grands esprits, ceux-là mêmes qui peuvent faire preuve de transcendance et se libérer de toute forme d’assujettissement mental, en sortant des vieilles grilles de lecture sur les causes réelles de nos soi-disants crises économiques qui, objectivement, sont des crises politiques et relèvent de la mauvaise gouvernance.
Gilbert GOMA