Congo : implosion de la triade sécuritaire et extension de la gangrène à la sous-région

 

Ghys Fortune BEMBA DOMBE

 

Le dispositif sécuritaire congolais mis en place depuis quelques années déjà a fini par imploser. La faute incombe aux rivalités qui ont franchi le rubicon de l’adversité pour faire de véritables ennemis. Cette cacophonie a des répercussions sur les plans économiques national et sous-régional ainsi que dans le conflit de l’Est de la RDC où l’Angola tente de jouer sa partition jusqu’à Paris et aux USA.

En amont comme en aval du sommet international de l’intelligence Artificielle (I.A) qui regroupera des Chefs d’États, Scientifiques et Hommes d’affaires de la planète du 10 au 11 février 2024 à Paris, l’Angola tente de se frayer un chemin dans le conflit tentaculaire de la RDC. La situation de la sous-région Afrique centrale s’enkyste. Les USA, la France, le Royaume-Uni ont demandé ce 24/01/2025 à leurs ressortissants de quitter Goma et ses environs en RDC. Ce n’est pas une surprise. Nous l’avions annoncé lors de la visite du Président angolais, Joao Lourenço le 11/01/2025 à Brazzaville.  Juste après, il s’est envolé rapidement pour Paris le 16/01/2025. Le fait est capital. L’accueil de l’Angolais à Paris démontre non seulement la marginalisation du corridor naturel que constituait le triptyque *Fleuve Congo-CFCO-PAPN*, mais aussi l’aveuglement dans les choix stratégiques nationaux qui ont pêché pour deux raisons essentielles : la volonté d’ostraciser le corridor sud du Congo par suprémacisme clanique et la faiblesse rédhibitoire des services de sécurité occupés à la croupe arrondie des jeunes congolaises (RC et RDC) à qui on distribue des passeports diplomatiques. Avec de tels profils à la première ligne de défense du pays, Françoise Joly peut rêver de continuer à manipuler ce pays tranquillement.

Schématiquement, un pays compte 3 lignes de défenses : le renseignement civil (opérations), la diplomatie (tactique) et enfin l’armée (stratégique). Comme à l’époque de Noé, pendant que l’étau se resserre sur Brazzaville avec l’électricité et le second canal de livraison de carburant que la RDC bloque régulièrement, suspectant une collusion entre le Rwanda, le M23 et le Congo-Brazzaville, les incompétents s’agitent autour de la candidature de M. Sassou qui, est un non-événement. Il sied de noter, que la pénurie chronique de ces deux denrées ramène les Congolais à l’improvisation, aux détournements et aux mauvaises relations avec la RDC, mais pas à la révision de turbines. Faut-il rappeler que le carburant et l’électricité sont deux maillons sécuritaires de premier plan d’un pays ? Comment une société d’électricité qui fait un chiffre d’affaires variant entre 7 et 9  milliards de FCFA par mois ne peut pas payer ses fournisseurs, ni satisfaire ses clients moins encore faire la maintenance de son matériel ? Nous parlons bien de 7 et non 1. Pire, comment peut-on concéder la gestion d’un barrage à un certain Paul Obambi qui a échoué partout ? Et que dire des autres cessions ? Un dépeçage en règle du pays : La centrale électrique à gaz de Djéno a été bradée en concession à la société turque AKSA le 21/01/2021 ; La centrale hydroélectrique de Liouesso devrait être bradée au groupement China Gezhouba Group Company/Energaz le 21/05/2022 ; La centrale hydroélectrique du Djoué a été avilie en concession à la société Hydro Opération International suivant convention de concession signée le 04/07/2022. En novembre 2022, la concession de la centrale hydroélectrique de Moukoukoulou a été bradée à la société chinoise Zengwei et celle de la centrale hydroélectrique d’Imboulou au groupement chinois Hoi/Axian. Incroyable que ces crimes de haute trahison de l’État par le bradage de son patrimoine effectué restent sans sanctions !

Dans son discours d’adieu, l’ambassadeur du Rwanda sortant Theoreste Mutsindashyaka reçu par M. Sassou,  confirme l’implantation des activités rwandaises sur plus de 3000 hectares (30 km² !!!) dans la Bouenza pour de l’huile de ricin dont personne ne connaît l’usage traditionnel au Congo (sauf pour l’empoisonnement et des buts inavoués ?). Il annonce aussi la prochaine prise de contrôle de la zone économique spéciale de Maluku, porte d’entrée et de sortie avec la RDC.

Le piège rwandais se referme et les lignes de défense implosent

Il ne faut pas être sorti de la cuisse de Jupiter pour comprendre que les Rwandais font monter les enchères, car ils savent que, dans le repositionnement consécutif des USA, de l’Angola et du COMESA à l’avantage de la RDC, Brazzaville reste le seuil maillon faible sur lequel s’appuyer. D’ailleurs la nature du langage français démontre que ces derniers ont engagé leur changement de fusil d’épaule. Luanda consolide sa place centrale dans l’architecture énergétique mondiale et de gendarme d’Afrique centrale. Une véritable catastrophe économique et politique pour le Congo sur les 50 années à venir, loin au-delà des crimes des petits de Jean-Jacques Bouya (Serges Bouya le DG GUOT ; Séraphin Bhalat le DG PAPN ; Jean-Louis Osso) ou même de Bolloré Logistics. Le glas vient de sonner pour rapatrier les fonds volés question d’accélérer les projets de l’Oléoduc pétrolier Pointe-Noire-Brazzaville, du Barrage de Sounda et de la reconstruction du CFCO sur deux voies pour 160 km/h de vitesse de trafic moyen afin que le Congo se repositionne en compétitivité de sa chaine logistique.

Cela est d’autant plus urgent que l’arrivée de Donald Trump conduit les Français et l’Union Européenne à changer de stratégie sur le Rwanda. Il est impérieux de rappeler, qu’aucun service de renseignement de Brazzaville n’a vu venir le danger : le Centre d’Information et de la Documentation (CID), le Conseil National de Sécurité (CNS), la Direction de la documentation présidentielle, la Direction Générale des Affaires Stratégiques et de la Coopération Militaire (DGASCOM), les Renseignement Généraux (RG) de la Police. La cause, 90% des responsables de ces services s’occupent d’argent, de fesses et de positionnement ! Sinon, ils ne laisseraient pas poreuses les frontières qui sont envahies par les Kuluna et autres immigrants qui s’établissent jusqu’à Moungoundou Nord (Niari).

Tenez, la note de service n°00047/MIDDL/CAB du 11 janvier 2025 portant rôle des préséances des services de sécurité qui établissent la hiérarchie divise le haut commandement placé sous la tutelle du ministre de l’intérieur M. Mboulou. Plus d’une officine pense qu’un commandant de police ne saurait venir en première préséance devant les militaires que sont la gendarmerie, la DGSP ou encore la GR. Les composantes desdites officines évoquent un mélange de genre pitoyable suggéré par le congolo-zaïrois, Zéphyrin Mboulou. Résultat : la suspicion et la défiance règnent entre les clans et les écuries des différents chefs des directions qui se regardent en chiens de faïence.

Au même moment, les interrogations se multiplient sur le rôle des administrations d’appui (administration, finances, équipement…) dans cette décision. Pourquoi la stratégie et la coopération, qui sont l’équivalent de la DGASCOM à l’armée, sont-elle en dernière position ? Pourquoi celui qui l’occupe n’est pas Général ? Est-ce à cause de la même règle appliquée à la DGASCOM au Colonel-Major Jean-Aimé Ignoumba ?

Quant au CNS et son chef, le Vice-Amiral Jean Dominique Okemba que plus d’une personne croit être affaibli, conserve toujours son influence dans la gestion des affaires. La preuve, il est dans tous les voyages de M. Sassou Nguesso; il continue à contrôler plusieurs responsables politiques, administratifs et militaires, y compris le DGSP Serge Oboa qu’il avait instrumentalisé autrefois contre l’amiral Hilaire Moko et le général Pierre Oba. La maladie de ce dernier lui laisse désormais le champ libre en tant que seule valeur centrale restante susceptible de canaliser tous les Salmigondis créés à côté de Kiki-Le-Pétrolier qui se bat et du général Mondjo qui attend son tour après avoir trahi son bienfaiteur Marcel Ntsourou. On ne peut affirmer pour l’instant que le CNS est un rouage désormais vidé de sa substance et qui ne sert plus qu’à fleurir les chrysanthèmes. Mais la réorganisation de l’ensemble des dispositifs de sécurité et les audits s’imposent pour une meilleure cohérence face aux défis graves qui se profilent à l’horizon immédiat.

Ghys Fortune BEMBA DOMBE

 

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