DÉCLARATION DU PRÉSIDENT DE LA FÉDÉRATION DE L’OPPOSITION CONGOLAISE (FOC) SUITE À LA CÉLÉBRATION PAR LE PCT DU COUP D’ÉTAT DU 5 FÉVRIER 1979

DÉCLARATION DU PRÉSIDENT DE LA FÉDÉRATION DE L’OPPOSITION CONGOLAISE (FOC) SUITE À LA CÉLÉBRATION PAR LE PCT DU COUP D’ÉTAT DU 5 FÉVRIER 1979

Jean Félix DEMBA-NTELO

Le 5 février 2025, le PCT a organisé dans la grande salle du Palais des Congrès de Brazzaville, un meeting en l’honneur de ” L’HOMME DU 5 FÉVRIER 1979 “, qui n’est autre que son actuel Président, Monsieur Denis SASSOU NGUESSO. Pour ceux qui ne le savent pas, ou qui l’ont oublié, la date du 5 février 1979 marque, dans l’histoire politique du Congo, celle du triomphe du coup d’État du Colonel (à l’époque), Denis SASSOU NGUESSO, ministre de la Défense et de la Sécurité, contre le Général Joachim YHOMBY OPANGO, Président de la République. En guise de rappel, une junte militaire de onze officiers de l’Armée Populaire Nationale (APN) baptisée Comité Militaire du Parti (CMP) prend le pouvoir le 18 mars 1977, quelques heures seulement après l’assassinat du Président Marien NGOUABI. La junte des onze officiers du Comité Militaire du Parti (CMP) comprend deux officiers supérieurs, Denis SASSOU NGUESSO et Joachim YHOMBY OPANGO, qui en assumeront tour à tour, la présidence : – du 18 Mars au 06 Avril 1977 pour Denis SASSOU NGUESSO ; – et du 06 Avril au 5 février 1979 pour Joachim YHOMBY OPANGO. C’est cette junte du Comité Militaire du Parti (CMP) qui organise, sous la présidence du Colonel Denis SASSOU NGUESSO, les obsèques du Président Marien NGOUABI et les premiers procès expéditifs de ses présumés assassins, dont l’ancien président Alphonse MASSAMBA-DEBAT, et ordonne leur exécution. Son corps n’a jamais été remis à sa famille. Sous la présidence du Général Joachim YHOMBY OPANGO, après les obsèques du Président Marien NGOUABI, de fortes dissensions naissent et divisent les 11 membres du CMP. C’est donc le 5 février 1979 que les contradictions qui minent le CMP et opposent ses deux Présidents successifs, SASSOU NGUESSO et YHOMBY OPANGO, éclatent au grand jour…..

Ainsi le 5 février 1979, le Colonel Denis SASSOU NGUESSO numéro deux de la junte, renverse le Président du CMP, Joachim YHOMBY OPANGO, qui sera incarcéré pendant onze ans en résidence surveillée à Pointe-Noire sans jugement. Le Comité Central du PCT, qui entérine le coup d’État du 5 février 1979, confie le pouvoir au Colonel Denis SASSOU NGUESSO qui devient, à l’occasion d’un Congrès extraordinaire de ce Parti unique en avril 1979, Président du Comité Central, Président de la République, Chef de l’État. Pour justifier l’éviction du pouvoir et l’incarcération onze années durant, du Président du Comité Militaire du Parti (CMP) Joachim YHOMBY OPANGO le 5 février 1979, le Congrès du PCT l’accuse d’avoir incarné ” LA LIGNE DROITIÈRE ET LIQUIDATIONNISTE “.

Ce bref aperçu sur la date du 5 février 1979, rappelle à la mémoire collective, la dramatique période de 27 ans de Parti unique, rythmés et marqués par plusieurs insurrections et Coups d’État dont six (6) réussis. Une période où la violence et l’intolérance politiques, caractérisées par les assassinats, les emprisonnements arbitraires et les départs massifs en exil, sont à l’origine de trois mille 3.000 victimes, selon les estimations faites par la Conférence Nationale Souveraine (CNS) en 1991. Que cherche donc le PCT en célébrant l’anniversaire du coup d’État du 5 Février 1979, en cette période où le peuple congolais, malgré tous les obstacles, les blocages et les échecs enregistrés, est préoccupé par l’édification d’une Nation fondée sur la réconciliation et l’unité nationales, le pluralisme politique, la démocratie et le développement ?

La célébration de la date du 5 Février dont la référence est la réussite du coup d’État du Président Denis SASSOU NGUESSO contre son frère d’arme, feu le Président Joachim YHOMBY OPANGO, est-elle encore d’actualité ? Que signifie en 2025 pour les nostalgiques du parti unique, ” LA LIGNE DROITIÈRE ET LIQUIDATIONNISTE “, attribuée au défunt Président du Comité Militaire du Parti (CMP), Joachim YHOMBY OPANGO ? Comment les caciques de l’ancien parti unique, accrochés au pouvoir voici plus d’un demi-siècle, sont-ils incapables de tirer les leçons de tant de drames et de malheurs qui jalonnent plusieurs décennies de gestion chaotique du pays dans la violence et l’intolérance ? Comment, avec la célébration de l’anniversaire d’un coup d’État perpétré sous le système de Parti unique, les caciques du PCT sont-ils incapables de se départir de leur passé idéologique, marxiste-léniniste et stalinien, dont la caractéristique essentielle fut l’anéantissement par la force de toute forme d’opposition ? En effet, après avoir érigé au cœur de la capitale politique de notre pays, Brazzaville, un Mausolée totalement revêtu de marbre en l’honneur du principal colonisateur du Congo, SAVORGNAN De BRAZZA, dont on est allé rapatrier les restes mortels avec ceux de toute sa famille (son épouse et ses quatre enfants), les caciques du PCT persistent dans leurs révisionnisme congénital, par la célébration régulière des anniversaires des coups d’État qui leur ont permis de conquérir et de conserver le pouvoir plus d’un demi-siècle durant. Car comment comprendre qu’au moment où les forces patriotiques, démocratiques et sociales appellent partout dans le pays, à l’organisation avant l’échéance de l’élection présidentielle de 2026, d’un dialogue inclusif en vue d’un large consensus sur la réconciliation et la reconstruction nationales, le PCT puisse plutôt se préoccuper de la célébration des anniversaires des coups d’État, dont celui du 5 février 1979, perpétré contre Président Joachim YHOMBY OPANGO qui n’est plus de ce monde des vivants ?

En lieu et place du dialogue inclusif réclamé par toutes les forces politiques et sociales du pays, le PCT, après la célébration de l’anniversaire du coup d’État du 5 Février 1979, se préoccupe davantage de la reconduction, en 2026, de son Président à la présidence de la République, après plus de 42 ans de règne sans partage. Pendant que le PCT se préoccupe de la reconduction de son Président au sommet de l’État en 2026, l’écrasante majorité de la population est privée de tout ce qui concoure au bien-être social, notamment : l’éducation, la santé, la saine alimentation, les infrastructures et équipements de base, le développement socio-économique et l’épanouissement culturel. Notre pays est même exclu par la FIFA des compétitions internationales de football. La souveraineté nationale est l’objet d’un bradage total. Aucun secteur vital n’échappe au contrôle des intérêts étrangers, de l’exploitation minière, des eaux et forêts, de la pêche à tous les secteurs vitaux de l’économie nationale, particulièrement du commerce à tous les niveaux…

Aucun secteur d’activité n’échappe aux sociétés ou sujets étrangers. L’électricité déjà très mal desservie sur l’ensemble du territoire, vient d’être cédée à une société sénégalaise pendant que toute l’alimentation est le monopole des sujets ouest-africains, libanais, etc. Pendant que les populations partout, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, des villes comme des campagnes, désespérées et angoissées, expriment leur désarroi et leur colère, le PCT, dominateur et sûr de lui, célèbre les anniversaires des coups d’État qui lui ont permis de conquérir ou de conserver le pouvoir plusieurs décennies durant. Alors que le Général Jean Marie Michel MOKOKO et le Ministre André OKOMBI[1]SALISSA croupissent arbitrairement en cellules à la maison d’arrêt voici plus de neuf ans et que plusieurs voix s’élèvent pour exiger leur libération sans conditions au nom de l’apaisement et la réconciliation nationale, le PCT entretient au sein et dans l’entourage du pouvoir qu’il incarne, des auteurs avérés de crimes économiques, tels le pillage et le détournement par dizaines de milliards de francs CFA, des deniers et recettes publics générés par les immenses ressources naturelles dont l’exploitation est entièrement bradée aux sociétés et sujets étrangers.

Pendant que partout dans le monde, la paix et la stabilité des États sont menacées par les guerres en Ukraine, au Proche Orient, au Soudan, en RDC, le PCT se contente de célébrer les anniversaires de ses coups d’État perpétrés à l’époque révolue du Parti unique. Et pourtant, ils est encore temps, pour nos compatriotes au pouvoir, de se ressaisir afin que dans un sursaut collectif et patriotique, les démons de la haine et de la division soient vaincus par le triomphe du génie congolais, lègue des pionniers de l’indépendance, Fulbert YOULOU, Jacques OPANGAULT, Félix TCHICAYA, Simon Pierre KIKOUNGA-NGOT etc… qui avaient su surmonter leurs intérêts partisans et leur antagonismes politiques pour proclamer dans l’unité nationale, l’indépendance du Congo le 15 Août 1960. Pour la Fédération de l’Opposition Congolaise, l’élection présidentielle de 2026 : – ou se fera au terme du DIALOGUE POLITIQUE INCLUSIF – ou sera une fois de plus l’occasion d’un rendez-vous manqué du peuple congolais avec son destin, parce que les caciques du PCT, sont toujours décidés, coûte que coûte et par tous les moyens, d’en faire une mascarade en vue de la conservation des privilèges que leur procure pouvoir.

Brazzaville le 28 février 2025

Jean Félix DEMBA-NTELO

Président de la FOC

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