Tidjane Thiam démissionne de la présidence de son parti d’opposition en Côte d’Ivoire, mais reste candidat à la présidentielle
Le principal opposant au président ivoirien Alassane Ouattara, l’ex-directeur de Credit Suisse a été radié des listes électorales pour les élections d’octobre prochain en raison de son passeport français, auquel il a renoncé depuis
Publié le 12 mai 2025 à 11:23. 2 min. de lecture
«Dans l’intérêt du parti, j’ai décidé de remettre entre vos mains, à vous les militants, mon mandat de président du parti», a déclaré Tidjane Thiam, hors du pays depuis plus d’un mois, dans une allocution publiée sur ses réseaux sociaux.
Un retrait qui ne «change rien» pour la présidentielle
Cette décision ne signifie toutefois pas que Tidjane Thiam se met en retrait de la bataille pour la présidentielle. Il assure qu’elle ne «change rien à l’engagement» qu’il a pris «en décembre 2023 de conduire personnellement (notre) parti à la victoire en octobre 2025».
«Je sais qu’après m’avoir élu en 2023, vous m’accorderez de nouveau votre confiance», a ajouté lundi Tidjane Thiam dans sa déclaration, laissant entendre qu’il compte être de nouveau élu à la tête du parti.
L’article 48 du code de la nationalité, datant des années 1960, indique que l’acquisition d’une autre nationalité entraîne la perte de la nationalité ivoirienne. Mais en renonçant à la nationalité française en mars, il a retrouvé, selon les autorités, la nationalité ivoirienne qu’il avait perdue. Sa radiation des listes électorales le rend toutefois inéligible à la présidentielle, à moins de six mois du scrutin et aucune révision de la liste n’est prévue avant l’élection.
Réunion en urgence du bureau politique
L’intérim à la tête du PDCI est assuré conformément aux textes par le doyen des vice-présidents, Ernest N’Koumo Mobio. Ce dernier a lancé «un appel à la cohésion, la sérénité et la discipline» et convoqué une réunion du bureau politique du parti lundi matin à Abidjan au regard «de l’urgence liée à la situation politique».
Trois autres figures de l’opposition ayant annoncé leur intention d’être candidats sont absentes de la liste électorale, en raison de condamnations judiciaires. Il s’agit de l’ancien président (2000-2011) et opposant Laurent Gbagbo, de son ancien bras droit Charles Blé Goudé et de l’ancien chef rebelle et premier ministre Guillaume Soro. «Alors que l’on était en droit d’espérer des élections inclusives, transparentes et apaisées, force est de constater que la radiation injustifiée du candidat du PDCI vient s’inscrire dans la logique de l’élimination des leaders des principaux partis politiques de l’opposition pour se garantir des élections sur mesure et une victoire certaine», a déclaré Tidjane Thiam lundi.
Les autorités récusent régulièrement toute intervention politique dans le processus électoral, assurant qu’il s’agit de décisions prises par une justice indépendante. Le président Alassane Ouattara, 83 ans, au pouvoir depuis 2011, ne s’est de son côté pas encore prononcé sur une éventuelle candidature mais s’est dit «désireux de continuer à servir son pays».